Convocation en famille [PV Babar/Début aout 96]

Très grandiloquent, il prononça à la française le fameux :

Touché !

Avant de secouer légèrement la tête. Cette fois, il abandonna l'aura de sécurité pour laisser se propager dans la pièce un froid glacial qui vous emprisonne le coeur, un peu à la manière d'un détraqueur. Le regard perçant, il fixa Prewett sans animosité mais avec intensité. Il ne se servait de ses pouvoirs que pour influer dans les sensations de confort de la jeune fille, aussi se contenta t'il de la regarder avec grand sérieux. Pour la première fois tranchant.

Vous ne seriez pas dans cette pièce si la culpabilité de votre famille n'avait pas déjà été établie, Miss. Je ne suis là que pour déterminer votre position par rapport à eux et autant vous dire que jusqu'à présent, votre manque de coopération est flagrant.

Il marqua une légère pause.

Je peux comprendre votre désir de les protéger, mais vous poussera t'il à vous placer vous-même sur le banc des suspects ? Réfléchissez bien. C'est votre avenir qui se joue.

Glacée, littéralement, par le changement d'attitude de Milo, elle se tassa légèrement sur son siège.
Tout du long, elle garda le regard détourné. Et si ces paroles prononcées atteignaient leur objectif, il n'en restait pas moins que l'idée d'abandonner sa famille la terrifiait plus encore. Il n'y avait pas que le sentiment d'appartenance à un clan rassurant qui comptait, mais aussi, et surtout l'envie de ne pas se retrouver abandonnée toute seule sans personne qui puisse la comprendre.
Parmi ses proches, elle avait déjà suffisamment de mal à remplir cette dernière condition; elle préférait ne pas prendre le risque d'essayer au près de personnes n'ayant pas reçu son éducation.
Certes, ces quelques semaines passées loin de sa famille en Égypte lui avait apporté un peu d'assurance et d'indépendance d'esprit, mais le retour à la maison familiale était en passe de tout effacer avec l'efficacité d'un lavage de cerveau.
Et de sa rébellion, il ne restait plus que l'assurance d'avoir des idéaux différents de ceux des autres membres de sa famille.

Cet état de fait, allié à l'évolution de sa réflexion personnelle ne pouvait la mener qu'à un seul point:

"- Il y a une autre solution. Vous pourriez faire semblant de nous croire. Non...?"

Bien sur, il fit mine de ne pas la comprendre, pour qu'elle poursuive (encore une fois, tu me dis si ça te va pas ^^). Ce qu'elle fit, avec un regain d'enthousiasme déclinant jusqu'à disparaitre au fur et à mesure qu'elle s'exprimait.

"- Si vous promettez de ne pas leur faire de mal... Je ferais tout ce que vous voulez. Je pourrais même faire semblant d'être d'accord avec mes parents. je pourrais... Épouser Draco Malfoy. Devenir amie, par son intermédiaire, avec d'autres mangemorts. Trouver les informations qu'il vous faut vraiment."

C'était tout ce qu'elle avait, mais même là, elle se sentait mourir à petit feu.

C'est un avenir bien triste et dangereux que vous vous réservez. Cela me peine pour vous.

Et quelque part, c'était presque vrai.

Vous n'êtes pas la première à vous croire capable d'assurer une position que vous ne sauriez tenir plus de quelques mois tout au plus... si le Ministère trouvait par miracle cette solution envisageable.

Il croisa les mains sur son bureau, ne perdant pas de sa gravité mais s'exprimant d'une voix plus réconfortante :

Votre position est difficile, j'en ai parfaitement conscience. Il est aisé de céder à la facilité. Je pourrais vous laisser partir, vaquer à une existence misérable. Mais ce n'est pas mon intention. D'autres solutions sont envisageables, comme celle de vous faire épauler par le Ministère.

Milo considéra qu'il était trop tôt pour pousser la discussion plus avant à ce propos.

Mais en premier lieu, un lien de confiance doit s'établir entre nous. Reste à savoir si vous êtes prête à le laisser se tisser.

En voyant que le nom de Malfoy ne le faisait même pas ciller, elle abandonna toute espoir dans cette voie. Elle n'était pas pour autant décidée à baisser les bras et à se laisser embarquer elle ne sait trop où.
Toutefois, elle accepta rapidement de jouer son jeu, son instinct lui dictant que c'était la meilleure chose à faire. Comme depuis le début, elle ne calculait pas, se contentant de suivre un fil à peine visible au limite de sa conscience.

"- Je veux bien tisser tout ce que vous voulez. Pas me jeter dans le vide."

Mieux valait ne pas préciser qu'elle n'avait aucune confiance en cet homme. Non, mieux valait procéder autrement.

"- Mais je n'en discuterais avec personne d'autre que Monsieur Barker."

oui, là, elle sentait qu'un avenir brillant et chaleureux était possible. Lui comprendrait, lui saurait quoi faire. A tel point qu'elle s'était exprimé avec plus de conviction que jamais.

Décidemment, cette petite avait ce qu'on appelle poliment de l'audace. Demander un entretien avec le Ministre en personne, voyez-vous ça !
Il ne put s'empêcher d'émettre un petit rire. Pourtant, il considérait sérieusement la question, ordres de Barker obligeants.

Pourquoi pensez-vous avoir le droit de faire cette requête, Miss ? Parce que vous l'avez rencontré ? Que ce soit clair, je ne dis ça que pour vous éviter une désillusion. Le Ministre est très occupé, son rôle n'est pas de se charger en personne de cas comme celui-ci. Je peux vous assurer qu'il vous renverra à moi.

En tout cas, la petite prenait une dimension nouvelle dans son esprit. Voilà qui promettait un certain amusement.

En effet, elle ne voyait pas bien pourquoi il accepterait de lui accorder de son temps et de son attention. Tout ce qu'elle savait, c'est que c'était la chose à faire.
Sans se départir de son aplomb:

"- Dans ce cas, demandez le lui, nous verrons bien."

Ce qui sonnait comme son dernier mot.

"- Vous me demandez de mettre ma vie en jeu. Rien de moins. Je mérite au moins ça."

Se rendant compte, en prononçant ces mots, qu'ils étaient loin d'être dépourvus de sens, sa voix manqua en dérailler. De justesse, elle se rattrapa et enchaina d'un ton bravache.

"- Et vous, je ne vous fait pas confiance."

Tout était enfantin, de son attitude au ton de sa voix. Mais ce qu'elle perdait en stature, elle le gagnait en aplomb.

Cette fois, il était dit que la petite n'avait pas froid aux yeux. Mais ce n'était pas réellement une surprise quand on constatait du comportement qu'elle avait pu avoir face au Ministre même, ou encore à Compton qui s'était bien cachée de faire un rapport aussi détaillé à Barker qu'à lui.
Il lui fallait avouer que la gamine faisait aussi impression sur lui et surtout, qu'il se savait de toute manière obligé de prévenir Barker, comme à son bon vouloir. La réponse, il la connaissait d'ores et déjà, mais Prewett n'avait pas à le savoir.
Ainsi, il se saisit d'un papier et écrivit rapidement une note, sans un mot. Il tapota ensuite le bout de parchemin du bout de sa baguette magique et l'envoya se perdre dans les méandres du Ministère.
S'empêchant de faire toute remarque désagréable, il se contenta de la fixer un instant avant de lui dire :

Autant vous le dire : le Ministre déteste accorder des faveurs. Mais si par chance, l'impression que vous avez fait sur lui aux festivités vous porte bonheur, je vous conseille d'oublier les exigences et de songer à une information qui pourrait le pousser à vous accorder sa confiance.

Très utile, finalement, ce monsieur. Même si elle ne l'aimait toujours pas, il avait au moins l'avantage de bien faire le hibou, se dit-elle, mauvaise par rancœur à l'égard de sa dernière remarque. Il fallait toujours qu'il joue les oiseaux de mauvaise augure, et Naomah n'aimait pas qu'on casse ses espoirs avant l'heure. Ni qu'on lui mette sous le nez des exigences aussi difficiles à surmonter.

Pour toute réponse, elle lui rendit un regard noir. Elle n'avait, sincèrement, pas la moindre idée de ce qu'elle pourrait apporter comme information importante. Mais ça, elle ne le dirait pour rien au monde. Plutôt faire un bide en direct devant le ministre lui-même.

S'accomodant du silence, aussi pesant devienne-t-il, elle était bien décidée à ne pas l'ouvrir tant qu'elle ne serait pas en présence du ministre. Commençant enfin d se décontracter, elle passa la main, pensive, dans le chaume de ses cheveux.

Milo laissa la jeune fille seule alors que l'intérêt de l'attente se faisait pour lui proche de zéro. Il ne revint dans la pièce qu'après avoir reçu un parchemin en retour. Parchemin qui, comme il s'y attendait, disait ceci :
Le Ministre souhaite vous rencontrer, suivez-moi.

Ce qu'il n'avait pas attendu en revanche était la soudaineté de l'entretien. Compton ne lui avait pas menti, Barker avait une idée derrière la tête et la seule chose que cela pouvait signifier pour Milo n'engageait à rien de bon.
C'est avec cette idée que l'homme conduisit Naomah Prewett jusqu'au bureau de Nathaniel Barker et attendit qu'on lui donne l'autorisation d'entrer.

[HJ: yes! J'l'ai eu XD Merci pour votre coopération ma chère ]

Là? Tout de suite? Elle n'en dit rien, mais le pensa très fort.
Immédiatement, la pression remonta d'un cran. Et c'est le teint livide, qu'elle suivit Milo dans les couloirs. Plus que tout, elle espérait ne croiser personne, et se faisait aussi discrète que possible.
Petit chat perdu dans le ministère.
Une fois devant la porte, elle posa son regard sur Milo, yeux presque écarquillés, puis revint sur la porte.
Son coeur battait à toute allure et elle n'en menait pas large.
Toutefois, elle avait toujours l'air très volontaire, une étrange résolution ne quittant pas le fond de son regard ni sa façon de se tenir.

Le Ministre prit le temps d'offrir un verre au Consultant étranger qu'il recevait avant d'achever l'entretien qu'ils venaient de mener. La porte de son bureau s'ouvrit ainsi sur deux hommes cordiaux échangeant quelques paroles de politesse avant de se quitter. Nathaniel Barker ne tint pas compte de la présence des deux autres personnes jusqu'à ce que le Consultant ait disparu du couloir.
Alors seulement, il daigna se retourner vers Milo, ignorant sciemment la présence de Prewett. La machine était en marche.
Il le fixa en silence un instant, comme s'il s'attendait à quelques mots de la part de l'homme. Ce dernier, sans doute sous la même impression, lui présenta la rouquine.
Barker détourna le regard de Milo pour le poser sur Prewett, imposant.

Bonjour Miss.

Il montra la porte ouvert de son bureau.

Allez vous installer, je n'ai que quelques minutes à vous accorder.

Il la laissa amorcer le mouvement puis glissa quelques mots à Milo.

Alors que l'attente s'était prolongée, Naomah s'était approchée D'une fausse fenêtre magique faisant défiler diverses éléments de décoration. Sortie de sa contemplation par l'augmentation progressive du son des voix derrière la porte du ministre, puis l'ouverture de cette porte en question, elle s'était retirée dans un coin reculée de la pièce, désirant toujours se faire aussi discrète que possible.
N'ayant jamais eu besoin qu'on lui accorde de l'attention pour exister, la miss attendit patiemment, regard fixé, comme souvent en sa présence, sur le ministre.
Parler d'admiration béate ne serait surement pas faux, mais tout de même loin du compte. Elle était bien trop attentive et concentrée.
De cette même attention qu'elle accorda à l'entretien de Milo avec Barker alors qu'elle obéissait à l'ordre de ce dernier et entrait dans son bureau.

Elle n'avait pas prononcé un mot, yeux grands ouverts à l'image d'une biche faisant face au chasseur, et toutes les bonnes résolutions qu'elle avait eu le temps d'accumuler jusque là commencèrent de partir en poussière sous le coup des battements de son coeur. L'incertitude et la nervosité la grignotait petit à petit. Et si elle n'alla pas s'asseoir, mais s'approcha de la bibliothèque une fois dans le bureau, c'était bien dans l'espoir d'y trouver un peu d'aide pour exorciser toute cette tension.

Arrêtant finalement de fixer Milo et le ministre, elle leur tourna le dos un instant, le temps de fermer les yeux et d'inspirer profondément, main posée sur un livre, pour la forme. Quand elle entendit Barker refermer la porte, elle fit volte face et resta là, à croiser les bras pour se donner un peu de contenance, appuyée contre le meuble.
Seule en sa présence, étrangement, elle n'arrivait plus aussi facilement à le regarder en face. Mais il lui faudrait prendre sur elle. Agir vite. Ne pas lui faire perdre son temps.
Les pensées se bousculaient tellement dans son esprit, que l'une d'entre elles fini par s'échapper, et pas forcément la meilleure.

"- Il n'y a pas vraiment eu un problème avec le scarabée, n'est-ce pas...?"

Comment pouvait-elle s'occuper d'un sujet aussi futile que celui-ci alors qu'elle avait bien plus urgent à traiter? Peut-être parce qu'elle savait comment l'aborder, lui.

Nathaniel, observateur, comme toujours, entra dans la pièce tous sens éveillés en surveillant la jeune fille du coin de l'oeil. Il y avait quelque chose d'enfantin et de faux malgré la prestance parfaite qu'elle se donnait, ce qu'il trouvait particulièrement intéressant.
D'une voix profonde et alors qu'il claudiquait vers son bureau, il répondit simplement à sa question :

Lorsqu'on est à la tête d'un gouvernement, votre entourage tend à voir le mal partout, vous savez.

Il sourit, entre la justesse et l'ironie, puis se stoppa face à la rousse. Un rien narquois :

Est-ce là l'objet de votre tracas, Miss ?

"- Ils ne devraient pas. J'étais sincère. Et, je ne ferais rien qui..."

Encore une fois, son petit coeur se serra et elle ne put que secouer la tête pour toute conclusion avant que sa voix ne se brise sur un "Il faut me croire". Pourquoi fallait-il que tout soit compliqué? Que les gens se déchirent? Pensent le pire de chacun... Sur le point d'étouffer sous le poids de toutes ses illusions brisées, d'un coup de talon métaphorique, elle rejoignit la surface à la question posée par le ministre. Alors, elle braqua son regard sur lui.
Il y avait tant de choses qu'on pouvait y lire... Un peu de peur et d'hésitation, ça va sans dire. De la résignation et une forte volonté. De l'audace, et aussi un brin d'espoir. Le tout se mêlait en un brouillard un peu confus sous l'effet de l'esprit volatile, même si sagace et tranchant, de la jeune fille.

Lèvres pincées, et le visage figé dans lequel ses yeux paraissaient deux trous béants, elle se contenta de secouer la tête dans la négative, espérant avoir retrouvé un peu de contenance.
Puis elle esquissa un sourire triste tordue par l'amertume:

"- Mais engager la conversation avec un "dépêchez-vous de tuer Vous-savez-qui que je puisse vivre en paix" ne me semblait pas très... Correct".

Car il s'agissait bien là de l'objet de sa visite, si on cherchait bien, n'est-ce pas?
Sa voix se faisant filet, elle poursuivit sur le même ton un peu ironique.

"Surtout quand on a l'air d'attendre de moi que j'apporte une solution."

Rancune? oui, sans aucun doute. Mais rapidement balayée par bien pire. Il fallait dire que la miss n'était pas du genre rancunière. Détournant le regard de Barker, Naomah se dirigea ensuite vers le bureau du ministre, côté fauteuil du ministre, justement. Elle n'était pas consciente de ce qu'elle faisait, cherchant juste à se mettre hors de portée, en quelque sorte, comme le lui dictait son instinct.

"- Je n'ai pas la moindre idée du type d'information dont vous avez besoin..."

Là, on sentait clairement le désespoir et le regret. Parce que de là à avouer qu'elle avait réclamé à le rencontrer pour rien, il n'y avait qu'un pas. Comme pour s'excuser, se retourne vers Barker, mains posées sur le cuir du dossier du fauteuil:

"- Je viens à peine de comprendre ce que signifiait être mangemort! Et croyez-moi, si nous, familles de sang-purs, étions véritablement les mieux placés pour savoir de quoi il retourne, le seigneur des ténèbres n'aurait pas autant de partisans."

A cette évocation, la colère fit son apparition, brûlante et source de vie. Qu'on vienne la traiter de coupable, encore une fois, qu'on ose! Et on verrait de quoi il retournait. Mais elle ne cherchait pas des excuses pour autant. Il fallait juste que chaque chose soit à sa place pour pouvoir procéder comme il le fallait.

"- Nous ne sommes que des idiots. Voila la triste réalité. On ne peut pas vous aider, on ne peut pas s'aider nous-même. Mais on ne mérite pas de mourir pour autant!"

Voila tout ce qu'elle savait.

Naomah Prewett a écrit:"- Ils ne devraient pas. J'étais sincère. Et, je ne ferais rien qui..."
"Il faut me croire".

Bien entendu, c'est ce que tout le monde répondrait dans pareille situation, mais Barker ne dit mot, laissant Prewett poursuivre son cheminement.

Naomah Prewett a écrit:"- Mais engager la conversation avec un "dépêchez-vous de tuer Vous-savez-qui que je puisse vivre en paix" ne me semblait pas très... Correct".

Il sourit en coin, songeant à la première impression qu'il eut de cette jeune fille quelques semaines auparavant.

Naomah Prewett a écrit:"Surtout quand on a l'air d'attendre de moi que j'apporte une solution."

Nathaniel concentra son attention sur la conversation. Il n'était pas certain de comprendre le sens de cette phrase si ce n'est sa résonance enfantine. Il s'apprêtait à lui répondre lorsque Naomah reprit la parole. Il semblait qu'elle souhaite vider son chaudron avant même de vouloir écouter ce qu'il avait à lui dire, comme tous ceux qui se présentaient dans son bureau. Là résidait la force d'un Ministre : patience et compréhension. Et Barker était parfait pour cela.

Naomah Prewett a écrit:"- Je n'ai pas la moindre idée du type d'information dont vous avez besoin..."
"- Je viens à peine de comprendre ce que signifiait être mangemort! Et croyez-moi, si nous, familles de sang-purs, étions véritablement les mieux placés pour savoir de quoi il retourne, le seigneur des ténèbres n'aurait pas autant de partisans."

L'homme s'appuya contre le flan du bureau, amusé par la configuration inhabituelle actuelle. Il ne pouvait malheureusement pas compatir pour la situation décrite par la rouquine, incapable d'accepter l'idée de la stupidité. Les gens étaient si facilement prêt à se laisser berner, cela en devenait presque lassant.

Naomah Prewett a écrit:"- Nous ne sommes que des idiots. Voila la triste réalité. On ne peut pas vous aider, on ne peut pas s'aider nous-même. Mais on ne mérite pas de mourir pour autant!"

Il sourit intérieurement. Reconnaître sa bêtise constituait la première étape. Certains s'en arrêtaient là, d'autres étaient capables d'accomplir un chemin plus palpitant. C'était, dans le cas présent, ce qu'il espérait secrètement.
Aussi se dressa t'il devant Prewett pour constater d'un ton neutre :

Vous n'êtes effectivement que des idiots.

Il sourit légèrement, fixant de son oeil ceux de la jeune fille.

Mais ne dit-on pas qu'il est plus facile de pardonner au benêt qu'au savant ?

Comme toujours, il était difficile de comprendre l'intention exactes de ces mots, ce qui l'enchantait particulièrement et se traduisit par un sourire mystérieux au coin des lèvres.
Il recula de quelques pas afin d'aller s'asseoir dans l'un des sièges qui faisaient face à son propre fauteuil.

Le tout est de savoir se racheter, Miss. Pour cela, il faut placer son orgueil de côté, accepter l'erreur et surtout, ne pas le faire pour autrui mais pour soi-même.

Il souhaitait la laisser méditer à propos de cela, se demandant si les mots feraient leur chemin suivant l'idée qu'il s'en faisait.

Agir pour soi-même ? Peut-être. Mais elle n'avait jamais été assez forte pour se débrouiller toute seule. Alors, dans ces conditions, difficile de s'imaginer agir autrement que pour le groupe. Que pour son père et sa mère. Mais il lui fallait bien reconnaitre la justesse dans les paroles du ministre, aussi douloureuses soient-elles et aussi difficile soit-il de résister à la vague de solitude et de tristesse qu'elles provoquèrent.

« - En l’état, il semblerait que je n’ai pas d'autre choix… Que ça me plaise ou non. »

Je suis seule, quoi qu’il arrive, ne put-elle se résoudre à prononcer à voix haute. Tous ceux qu’elle connaissait se divisaient en deux catégories. Ceux qui ne lui adressaient plus la parole parce qu’ils savaient ce qu’elle avait derrière la tête, et ceux qui ne discutaient que de sujets futiles avec elle, parce qu’elle redoutait de parler des sujets qui fâchent de peur de les perdre eux aussi. Inutile de préciser que tous étaient des sang-purs. En dehors de ce cercle, il n’y avait que bizarreries et incompréhension plus ou moins agressive.
Oui, il lui faudrait se murer loin des autres, quoi qu’il arrive. Se détacher de sa vie pour moins en souffrir. Ce qui était loin de la réjouir, elle qui était habituée à tout vivre à fleur de peau sans s’imposer la moindre limite.

« - Pourtant, je ne vois toujours pas ce que j’ai pu faire de mal pour mériter tout cela… »

Même si, en y réfléchissant bien, voila des jours et des jours qu’elle se trainait une montagne de culpabilité. Et ça n’allait pas en s’arrangeant. Trahir ses parents, n’était-ce pas la pire chose qui soit ?

« Non, c’est faux. Je sais ce que j’ai fait. Et comme vous le dites, il ne faut pas que ce soit vain. »

Inutile de se cacher derrière ce fauteuil maintenant qu’elle avait pris la pleine mesure de ce qu’il lui faudrait faire. Elle s’avança et vint plaquer ses mains à plat sur le bureau.

« Apprenez moi comment être droite et forte comme vous, comment convaincre, et je leur montrerais qu’ils n’ont pas besoin de VSQ ! Ils seront bien obligés de voir et de m’écouter… Je retrouverais ma famille… Et vous n’aurez plus rien à craindre d’eux ! N’est-ce pas ce que vous souhaitez ? »

Pleine d'espoir, elle chercha l'acquiescement dans son regard.

Nathaniel la considéra, impassible. Il aurait pu se sentir touché par le souhait de Prewett, par son innocence et par son désespoir. Il aurait également pu la trouver stupide ou folle. Mais aucune de ces idées ne lui vint en tête.
Non. Il la jaugeait intérieurement, sans mot dire, le regard intense. Puis il finit par écarter la main posée contre son menton et rétorqua :

Nous nous voyons pour la seconde fois et vous seriez prête à dépendre d'un enseignement que vous seule pouvez vous inculquer ?

Il sourit.

Et si j'étais du même acabit que Voldemort ? Peut-être même plus redoutable, car arrivé au pouvoir ?

"-Ça ne m’ennuierait pas. Si VSQ était prêt à me dispenser son savoir, je pense que je l’écouterais."

Voila une affirmation qu'elle avait prononcée sans marquer la moindre hésitation. Sur le coup, du moins. Parce que plus elle y repensait, plus il apparaissait qu'il n'y aurait peut-être pas grand monde pour partager son avis. Elle porta soudainement une main à sa bouche, le geste comme suspendu dans l'instant.

"-Il n’y a pas de mal à écouter, n’est-ce pas ? Sauf si on m'envoute ou me torture... Je reste libre de..."

En fait, elle ne comprenait pas la question, à tel point que les mots finirent par lui échapper et la phrase par mourir entre ses lèvres. Il ne pouvait pas l’obliger à faire ce que lui voulait. Il n’irait pas jusqu’à la menacer comme les mangemorts en étaient capable ? Si ? Le doute, pire des poisons, s'était insinué en elle jusqu'à lui couper les jambes. Soufflée, elle s'assit dans le fauteuil du ministre, n'en croyant pas ses soupçons.

"Je... Je n'ai pas le choix. Pour l'instant."

Ayant le regard dans le vague depuis quelques instants, elle finit par les lever sur Barker, pleins d'une nouvelle prise de conscience. Elle n'était rien, dans les rouages de la politique, et comment imaginer qu'elle ne finisse pas tout simplement écrasée au nom du plus grand bien? Elle comptait sur Barker pour l'aider, mais lui, comme les autres, avait bien d'autres choses à penser.

"- Pourquoi avez-vous accepté de me rencontrer?"

Voila qui éclaircirait beaucoup de choses.

Barker fit écho :

Libre ?

Puis il laissa la jeune fille à ses pensée jusqu'à sa question finale et lui répondit, grave :

Personne n'est libre, Miss. Surtout pas ceux qui se placent sous la tutelle d'un être qui souhaite forger un monde à son image.
Vous devez être absolument sûre de vos capacités intellectuelles et de votre force si vous osez penser le contraire.

Il se redressa dans son siège, faisant face à l'insupportable naïveté de ces mots :

Si c'est le cas vous vous trompez.
Vous n'êtes qu'un pion insignifiant, une mouche qui se fera écraser à la première occasion. Alors intense et presque intimidant dans cette démonstration orale, il joignit le geste à la parole, refermant son poing avec force dans le vide.

Il inclina légèrement la tête sur le côté et de son oeil pénétrant, il ne lâcha plus Prewett. Sa bouche était légèrement entrouverte, comme s'il s'apprêtait à la dévorer. Mais au lieu de cela, il finit par rompre le silence :

Je suis prêt à vous aider, si vous vous montrez à la hauteur de l'entreprise dont vous parlez.

Alors qu'elle était doucement entrain d'aller de prise de conscience en prises de conscience, voila qui lui plongeait pour de bon la tête sous l'eau. Retourner à la surface lui sembla, pendant de longues secondes, impossible; à tel point qu'elle resta fige, regard accroché à celui de Barker et révélant sans peine la moindre de ses pensées.
Elle mourrait d'envie de se réfugier au fond du large fauteuil du ministre, mais au lieu de ça, elle s'agrippa aux accoudoirs, fermement.
Barker n'était pas l'homme rassurant qu'elle était venu chercher, oh non, il était presque pire que Milo. Pire parce qu'il allait directement à l'essentiel et crevait la bulle des illusions sans la moindre pitié pour les restes d'enfance perdurant chez Naomah.
Au moins, Naomah n'avait-elle pas directement peur de Barker lui-même, persuadée que son attitude effrayante n'était du, quelque part, qu'à la dureté des propos qu'il prononçait. Non, elle préféra lui en vouloir pour ça que d'en être réellement effrayée.
Elle mit tout de même un certain temps à s'en remettre, regard finissant par glisser dans le vague pour lui permettre de réfléchir à son aise.

Tourner le dos à Voldemort ne voulait-il donc rien dire? Jamais elle n'aurait cru qu'il s'agirait là de la partie facile de toute cette histoire. Et elle ne savait plus si elle serait capable de quoi que ce soit. Ne pas pleurer était déjà un exploit en soit.

"- Je ne sais pas de quoi je parle, monsieur. Comment savoir si je serais à la hauteur?"

Il n'aurait pu entendre réponse plus juste. Souriant, il posa un regard sur cette sincérité nouvelle.

Commencez par vous en donner la peine.

Il se leva lentement, perdant presque sa crédibilité dans son mouvement. Mais ce moment fut vite oublié car aussitôt, il retrouva son charisme naturel.

Vous devez comprendre le monde qui vous entoure avant de savoir quelle place est la votre. Faites ce qu'on attend de vous mais voyez plus loin.

Ainsi, le cours avait déjà commencé, mais cette fois, il l'établissait plus clairement.

Effectuer une formation au Ministère pourrait vous aider à y voir plus clair, si c'est ce que vous souhaitez.

Sciemment, il ne proposait pas de réelle solution, un programme concret. Car tout dépendrait de la jeune fille.

A l'écoute des quelques conseils prodigués par Barker, Naomah commença de se détendre. Elle lâcha les accoudoirs pour laisser ses mains venir reposer sur ses genoux.

"- Je veux devenir journaliste."

Elle se regarda les mains un instant. Étrange qu'elle n'ai jamais exprimé cette envie à qui que ce soit auparavant.

"- Mais on ne me laissera pas même finir mes études à Poudlard."

Irrémédiablement, ses pensées poursuivirent leur chemin. Et il n'avait rien de lumineux. Elle ratissa toutes les possibilités qui se présentaient à elle. Elle n'en trouvait aucune qui ne soit pas une voie sans issue. il devait pourtant bien y avoir une solution...

Barker donna à voir une expression qui signifie communément "dommage, tu étais pourtant bien partie", mais ne fit que la laisser passer. Dressant le visage face à elle, il lui demanda simplement :

Pourquoi ?

Sur fond de regards effarés:

"- Mon inscription est annulée..."

D'un geste de main, appelle à réponse :

En raison de... ?