Money, for nothing [Aout 96, PV libre]

La dernière semaine du mois d'aout battait son plein. Pour Draco, comme pour la plupart des élèves du collège de Poudlard, cette dernière semaine de vacances était surtout synonyme de préparation à la rentrée.

Draco n'avait aucune motivation pour retourner à Poudlard. Il savait déjà que les bruits de fond des couloirs seraient alimentés par l'arrestation, il y a deux mois de ça, de son père. Puis la perspective de perdre encore son année à agiter une baguette dans tous les sens pour faire voler un livre ne le réjouissait guère.
Une lueur apparaissait cependant dans ce tunnel noir d'ennui. Celle de voir le soir-même sa tante. Bellatrix Lestrange avait passé l'été plus présente que jamais dans un manoir desserté par Lucius. Elle n'était pas que là entant que sœur ou tante, mais aussi et surtout comme messagère du Lord. Lord qui offrait enfin à Draco cette place tant convoitée depuis quelques années par le jeune homme. Une marque de confiance qu'il était prêt à honorer plus que tout. Hélas, la joie de faire enfin parti des proches du Lord se fit suivre par un endoctrinement agaçant, comme s'il était stupide et encore un gamin, et une absence de possibilité de montrer enfin ce qu'il avait dans la baguette.

Le jeune serpentard n'était donc pas très enclin et se fondait bien mal dans la masse de la population joyeuse. Son air morose allait de pair avec sa colère de voir la stupidité des parents et élèves de se réjouir à retourner à Poudlard. Ils s'extasiaient béatement face aux nouveaux livres proposés, aux nouveaux chaudrons au fond plus solides ou autres bêtises sorcières.

Le blondinet serpentait à grand pas entre la foule pour se rendre à la banque sorcière, afin de répondre comme un gentil garçon aux besoins de son année perdue.
Il entra non sans répugnance. Il détestait les gobelins. Leurs longs doigts crochus, leurs yeux rentrés et perçant, leurs voix nasillarde. Rien dans un gobelin donnait envie à Draco d'échanger avec eux.
Il se dirigea vers le seul bureau de libre. Et dans un ton non cérémonieux, le serpentard demanda 40 gallions et vite. Il glissa sur le bureau un papier enveloppé et une clé que le gobelin au regard mal aimable attrapa sans cérémonie. Il dévisagea le jeune Malfoy avant de partir, pour revenir quelques minutes plus tard avec un second gobelin. "C'est bien ma veine" pensa Draco. La seconde créature se mit à parler, enfin à couiner.

-"Je suis désolé, Monsieur, mais je ne puis répondre à votre requête. Votre compte est pour le moment, comme qui dirait geler."

Le gobelin semblait esquisser comme un sourire ravi. Ce qui ne fut guère le cas de Draco, qui sentait le rouge lui monter aux joues. Surement à cause de son cœur tambourinant dans sa poitrine.

Par...pardon??? balbutia le jeune homme.

-"Il y a une ordonnance de non utilisation sur votre compte. Je ne puis répondre à votre requête". Répéta le gobelin.

Draco sentait ses muscles se contracter, son pouls battre dans sa tempe. Entre ses dents, il menaça.

Je me fiche de votre ordonnance ou je ne sais quoi. Je veux mon argent, alors donner le moi.

Le gobelin répéta encore une fois qu'il ne pouvait rien y faire, avant de repartir sans un mot ni un regard de plus. Le premier gobelin, qui affichait un simuli d'air réjouit, demanda à Draco de partir et vite, car d'autres personnes attendaient. Il retendit la lettre et la clé au jeune homme avant d'ajouter un trop poli "au revoir".
De rage, Draco enfourna le tout dans sa poche, avant de se retourner avec violence, bousculant au passage les personnes attendant derrière lui. D'un pas bien rapide il regagna la sortie. Vexé, en colère. Il fallait régler au plus vite cette histoire.

Pour sa part, Nicéphore était d'humeur plutôt guillerette. Ce qui n'était pas habituel dernièrement. Apprendre qu'il devait reprendre ses études ne l'avait pas particulièrement mis en joie. Par contre, la jolie somme d'argent que Selwyn venait de déposer sur son compte, pour l'"aider à financer ses études", voila qui avait de quoi mettre son humeur au beau fixe.
Venant d'effectuer un retrait sur son tout nouveau compte à Gringotts, et sur le point d'aller le dépenser sur le chemin de traverse, Nicéphore ne prêta pas plus attention que ça à l'activité ambiante, et encore moins au jeune Malfoy.
Aussi n'est-ce qu'au dernier moment qu'il repéra Draco et qu'il évita l'impact. Toutefois, il le bouscula tout de même juste assez pour manquer de laisser tomber sa bourse pleine de galions sous l'impact.

Wow!

Pour remettre les choses à leur place et s'assurer que personne n'allait perdre l'équilibre, le jeune homme avait posé la main sur la bras du blond. De la surprise plus que de la gène, voila qui montrait que Nicéphore ne se sentait pas plus coupable que ne l'était Draco à ses yeux dans cette histoire.

Je ne regardais pas aussi bien que j'aurais du, toutes mes excuses.

La surprise du choc passé, Draco se redressa droit et fier comme un I avant de repousser la main de l'homme sur lui. Quelle familiarité!
Le serpentard resta un instant interdit en voyant l'homme face à lui. Trains. Ils ne s'étaient rencontrés qu'une fois ou deux, à peine. Draco savait juste qu'il travaillait pour le saint sauveur Selwyn. Mais ce genre de détail n'arrêta pas Draco sur son ressenti et sa colère toujours présente et rugissante en lui.
Il le dévisagea, une certaine amertume au coin des lèvres et peu enclin à faire des bavardages de courtoisie.
Draco répondit avec un aplomb que trop connu, même si celui-ci chancelait ces derniers temps. Trop à son gout.

En effet. Mais le mal est fait. Si vous voulez bien m'excuser..., Draco marcha sur un gallion, ôtant son pied, il regarda Trains d'un air étonné, avant de continuer plus absent, en pleine réflexion.... j'ai à faire.

Du tact au tact.

Votre patron est-il à son bureau ou bien à fureté à droite à gauche à la recherche de denrée rare?

Un peu piqué par la réaction de Draco, Nicéphore haussa un sourcil dubitatif avant de récupérer sa main et de croiser les bras sur son torse. Malfoy junior, hein? Il croyait encore pouvoir se permettre ce genre de comportement? Tant mieux pour lui, mais pour sur, il ne manquerait pas à tomber de haut.
Tout de même prudent, et ne sachant pas trop ce qu'il pouvait se permettre, Nicéphore resta discret et cacha en grande parti ce qu'il pensait. Draco pourrait devenir un allier, à terme. Il suffirait de jouer sur son désespoir.
Neutre, même si montrant clairement qu'il n'entendait pas se laisser traiter comme de la bleusaille de bas étage, Nicéphore le jaugea un instant.
Oui, pas de doute, il devrait y avoir quelque chose à tenter du côté de ce mioche. Même si pour cela, il devrait mettre de côté son ressentit pour ce genre de personne, né une cuillère en argent dans l'c**.
Aimable.

"- Il vous faudrait contacter sa secrétaire, elle seule s'occupe de son emploi du temps et de ses chemises, je le crains."

Une pointe, légère, d'ironie saupoudrait le tout. Mais il n'empêchait que la remarque était sympathique dans l'intention. Nicé faisait son mic mac de son côté, et Selwyn s'occupait de ses fesses, voila tout. Deux entités distinctes.

"- Toutefois, je dois pouvoir lui transmettre un message plus efficacement que cette dernière ne le ferait, si ça peut vous aider."

Avisant le galion par terre, lui aussi, il reporta son regard sur Draco. Plus tard, il userait de ce détail, si nécessaire.

Draco fut un peu décontenancé par l'attitude de son interlocuteur. Il se souvenait vaguement avoir vu l'homme un fois à l'œuvre lors d'un repas donné par son mentor Selwyn. Et il en était autre. Remarque il fallait avouer qu'il avait eut en face de lui une belle cruche, qui semblait savoir que pouffer et que le fait d'articuler et de construire une phrase ne faisait pas parti de ses capacités. Le monde sorcier regorgeait de pimprenelles tout juste bonne à tenir une baguette.
Le jeune serpentard n'aimant guère Selwyn jugeait toutes ses connaissance de la même façon. Cette façon doucereuse qu'avait le sorcier à prendre part dans la vie de sa famille ne l'enchantait guère. Surtout sa façon de s'exprimer quand il parlait avec sa mère. Lucius n'était pas mort, juste en prison, et lui, Draco, était en âge maintenant de prendre en main le domaine familial et tout ce qui va avec. N'allait-il pas suivre les traces de son père auprès du Seigneur des Ténèbres??? Cela prouvait suffisamment qu'il n'était plus un garçonnet. Tous les crabes n'était peut être pas à mettre dans le même chaudron.
Quoiqu'il en était le jeune homme répondu, peu être un peu trop sèchement, mais l'allusion aux chemises, montrait que l'acolyte de Selwyn n'était qu'un petit comique à ses yeux.

Non, dans ce cas, je crois que j'aurai plus vite à le voir sans vous. Je voulais juste savoir sa présence actuellement et pas dans dix ans. Je vous remercie cependant.

Selwyn camperait surement chez lui ce soir, encore.

Un homme comme vous doit avoir à faire pour satisfaire sa gourmandise.

Alors comme ça, le jeunot à peine sorti de son cocon voulait en démordre avec Nicéphore? Qu'à cela ne tienne, ce dernier lui montrerait ce que le mot "répartit" signifiait. Des années de débrouille n'avait aucune commune mesure avec l'éducation de noble qu'avait reçu Malfoy. ça allait donc saigner s'il le fallait.

"-Ma "gourmandise", comme vous dites, nécessite sans aucun doute moins d'attention que votre fierté, en matière de satisfaction."

Petit sourire poli et inclinaison de la tête aimable.

"-Dans ces conditions, il n'est pas difficile de savoir qui en retournera, le premier, à des affaires sérieuses."

Et salut de rigueur, avant de tourner les talons, un petit sourire hautain aux lèvres. Le petit riche allait s'en mordre les doigts. Pour peu qu'il comprenne l'affront...

"-Si vous voulez bien m'excuser..."

Oui, car il avait à faire, n'oublions pas. Comme acheter des fournitures scolaires... Il n'arrivait toujours pas à croire qu'il allait retourner sur les bancs de l'école.

Il y avait tout de même quelque chose qui le dérangeait dans l'attitude du jeune employé de Selwyn. Sa méfiance envers lui devait surement en être la principale cause et devait fausser ce que Draco pouvait penser au final. Qu'importe pour le moment il avait lui aussi mieux à faire que parler au petit personnel. Il lui fallait régler cette histoire d'argent au plus vite, car il fallait bien qu'il puisse subvenir à ses dépenses scolaires basiques.
Il regarda une dernière fois le jeune homme d'un regard tout aussi supérieur et hautain, avec une pincée d'air princier. Il conclut avec une ironie Malfoyienne.

Je vous prie, ne vous excusez pas. Jouer les hommes de mains à l'importance débordante demande peu de temps aux simples bavardages de politesse.
Passer mes amitiés à Selwyn.

Draco finit pas un signe de tête de politesse assez fausse.

Avec la satisfaction, de vous voir un jour au manoir avec votre maitre à penser.

Petit sourire en coin, le temps de ralentir, Nicéphore tourna le visage de trois quart vers Draco.

"- Détrompez-vous, je suis sans importance."

Puis petit geste vers le chapeau histoire de saluer.

"- Au plaisir."

Et le monsieur était parti. Une fois seul avec lui même, il se laissa aller à éclater de rire. Quel petit roquet ce Draco Malfoy alors!