Dans la petite boutique il y a des fleurs qui chantent

Price?

Le temps de recadrer ce nom dans son esprit, Nicéphore se pencha et serra la main qu'on lui tendait d'un geste brusque. Il avait envie de la faire sursauter, de la mettre mal à l'aise. Pour être sur d'atteindre son objectif, il garda un peu plus longtemps que convenu la main de la jeune fille dans la sienne, y instillant une pression suffisante pour montrer que c'était lui qui décidait quand la poignée de main prennait fin.
La voix basse et dépourvue d'intonation;

Je connais votre père. De réputation du moins.

Se disant, il desserra sa poigne, laissant Lenore libre de ses mouvements.

Tout d'abord surprise par la rudesse de son geste ne se laisse pas démonter pour autant, son visage se durcit, continue de sourire tout en le toisant. D'un ton de voix quasi-masculin:

Nous avons donc fini les présentations.

Lui demande, abrupte:
Maintenant parlons sérieusement. Que faisiez-vous avec cet homme?

Son attitude avait changé du tout au tout, comme si elle était une autre personne.

Enchaine tout naturellement après les salutations en se penchant galamment, main sur le ventre, en une révérence très digne.

Voila qui ne vous regarde absolument pas, je le crains.

Bat lentement des cils, un petit sourire légèrement satisfait sur les lèvres. Une fois de plus les faits lui donnaient raison et venaient à elle comme des évidences: son attitude attestait qu'il n'avait pas été victime d'une agression mais qu'il préparait quelque chose, quelque chose de louche qui a mal tourné.
Est heureuse d'avoir gardé la baguette de Nicéphore en sa possession, Merlin seul sait ce dont il est capable! Et dire qu'elle avait ressenti une certaine sympathie pour lui...

Elle avait été dans l'erreur et s'en repentait à présent. Il lui fallait apprendre à ne pas se laisser berner par les autres, l'ennemi peut se cacher partout et même au sein des employés du Ministère.
L'hérésie est la pire des choses, je bénie le ciel d'avoir été avisée par ma mère de ce genre de situations. Entend sa mère lui lire ces quelques mots: "L'éducation doit porter sur deux bases, la morale et la prudence : la morale, pour appuyer la vertu ; la prudence, pour vous défendre contre les vices d'autrui."*

Sent un violent mépris monter en elle mais tente de le tempérer afin de ne pas laisser transparaitre sa pensée.
Radoucit son visage, s'incline légèrement:


Vous avez raison.
Vous avez raison cela concerne le ministère.

Je vais donc me retirer et vous laisser vaquer à vos occupations Mr Brahms.
Je vais filer et en informer mon père.

Nous sommes dans un pays libre après tout!
On ne devrait pas accorder la liberté à ceux qui ne sont pas capable de choisir la bonne voie par eux-même... Hérétique un tour à Azkaban te remettrait les idées en place!
Émet un rire léger et chaleureux.

Me raccompagnerez-vous jusqu'à la place jeune homme?
Je dois sortir de cette ruelle au plus vite.

Et voila qu’elle devenait tout à coup beaucoup moins amusante. Il préférait, et de loin, la petite biche égarée des premiers instants au chaton qu’il découvrait maintenant. D’autant plus qu’il voyait déjà se dessiner un personnage assez difficile à gérer aux yeux de ce qu’il savait du père.
Décline son offre, aimable et un peu déçu sous ses airs de chat de gouttière en goguette.

Je crains de ne pas être le gentilhomme qui aura l’honneur de vous raccompagner.
J’ai une mission périlleuse qu’il me reste à accomplir. Petit sourire désolé qui aurait eu plus d'allure avec un chapeau. Mais chacun son labeur. Vous avez sans doute bien d’autres choses à faire.

Guettant déjà l’amoncellement d’herbes folles au bout de la ruelle où il espérait trouver quelques petites choses lui appartenant, il reporta tout de même son regard vers sa baguette en possession de la jeune Price. Retrouver le paquet ne serait sans doute pas une mince affaire, mais pour faciliter les choses, il avait besoin de sa baguette. Il marqua une hésitation, ne sachant pas trop où il en était, ni si il pouvait se permettre d’aller jusqu’à réclamer sa baguette.
Il se contenta de la désigner, penaud comme un gamin qui s'apprête à voler une pomme.

Je risque d’en avoir besoin…

Je crains de ne pas être le gentilhomme qui aura l’honneur de vous raccompagner.

Sent son estomac se contracter, était-ce une tentative pour la garder encore quelques instants en ce lieu isolé dans le but de lui faire subir les pires atrocités?
Tente de tempérer son angoisse et de faire bonne figure en continuant de sourire comme une cruche. Se dit qu'il ne serait pas capable de grand chose sans sa baguette et qu'il ne fallait pas céder à la panique.

J’ai une mission périlleuse qu’il me reste à accomplir.

Avec une pointe d'admiration dans la voix:
Je comprends vous êtes un homme occupé.
Une mission? Laissez moi rire! De quoi était-il question cette fois-ci? De s'acoquiner avec des êtres de bas-étages, à moins qu'il ne s'agisse de retrouver un complice et de s'adonner au vice de l'alcool et de la drogue ou pire: souiller son sang dans le lit de femmes dépravées!
Tu parles d'une mission!

Soudain, toutes les pièces s'assemblent dans son esprit: "Mission", Complice... et si cet homme, l'agresseur était en réalité son complice?!
Tout ceci n'était qu'une mise en scène destinée à l'attendrir pour lui soutirer des informations sur son père et sur son environnement familial. Elle en était maintenant persuadée: cet homme était un terroriste qui était parvenu à infiltrer le ministère et il préparait un attentat!

Je risque d’en avoir besoin…

Sa paranoïa atteint alors son paroxysme: elle connaissait ses propres capacités et elle savait qu'elle ne pourrait pas tenir face à un individu aussi dangereux et de surcroit probablement extrêmement bien entrainé. Néanmoins, sait qu'il n'y avait pas d'autre issue que de lui restituer sa baguette.
Il fallait la jouer fine:
tout d'abord elle lui rendrait sa baguette tout en se saisissant subtilement de la sienne, et s'il tentait de l'attaquer elle se défendrait jusqu'à la mort! Dans le meilleur des cas elle parviendrait à fuir ou à faire assez de bruit pour rameuter la foule et dans le pire on retrouverait son corps ce qui mettrait la puce à l'oreille aux autorités compétentes et permettrait d'éveiller la méfiance du Ministère qui redoublerait de vigilance! Faisant ainsi avorter la tentative!

Résignée, elle fait alors un pas dans la direction du jeune homme, essayant de paraitre naturelle mais est en fait plus tendue que jamais. Tend la baguette dans sa direction tout en glissant sa main autour de la sienne. Et dans un effort surhumain lui dit:
Tenez.
Elle aurait voulu embrasser sa mère une dernière fois et serrer ses frères et sœurs dans ses bras mais en cet instant elle confiait sa vie au Destin, les dés étaient jetés.
Une unique pensée occupait son esprit: elle ne pourrait connaitre de plus belle mort que de se sacrifier pour la Cause Ultime: permettre le retour du Lord.
Se sent libérée et heureuse.

Une petite sonnette d'alarme résonnait dans l'esprit de Nicéphore, sans qu'il sache d'où pouvait venir la menace. Trop arrogant pour imaginer qu'elle puisse pour de bon venir de cette demoiselle, il se contenta de vérifier autour de lui qu'ils se trouvaient seuls, par précaution, tout en tendant la main pour récupérer sa baguette.
Il sourit, par automatisme:

Vous êtes bien aimable.

Il sentait la tension monter, presque insoutenable. L'autre homme ne tarderait surement pas à revenir dès qu'il se rendrait compte qu'il n'avait plus le paquet et que Nicéphore le lui avait probablement subtilisé. Et quand ce serait le cas, il ferait mieux d'avoir sa baguette et que Lenore ne traine pas dans ses pattes.
N'y tenant plus, il finit son geste en fauchant sa baguette dans la main de la demoiselle.

Observe le moindre de ses faits et gestes avec appréhension comme pour anticiper ce qui l'attendait, l'attitude suspicieuse du jeune homme ne l'aide pas à se rassurer:
lorsqu'il tend la main vers elle retient sa respiration, la main crispée sur sa baguette.

N'y tenant plus, il finit son geste en fauchant sa baguette dans la main de la demoiselle.

Sursaute puis se fige un instant, surprise de ne pas voir arriver son châtiment. Pour autant, décide de ne pas tirer le diable par la queue et prend les devants:

Bien. Je vais vous laisser.

Le salut en inclinant légèrement la tête de façon à ne pas le quitter des yeux. Recule d'un pas, puis de deux. Jusque là tout va bien.
Vient ensuite le moment de lui tourner le dos: Courage! le bout de la rue n'est pas si loin que ça! D'une voix à peine perceptible:
Au revoir.

Tourne les talons à une vitesse prodigieuse puis se met en marche les yeux rivés sur son but: la place, la foule, l'agitation rassurante de la foire.
Regarde loin devant, la gorge serrée, sait qu'à tout moment il peut lui asséner un sort dans le dos. Les secondes lui semblent une éternité, sa vision est embuée par les larmes qu'elle ne peut plus contenir, les jambes flageolantes parvient difficilement à progresser.

Sent alors que ses forces la quittent, tend la main devant elle avant de s'effondrer, inconsciente.

Une fois sa baguette récupérée sans encombres, un soulagement sans nom le gagna, presque palpable. Il se mit immédiatement au devoir de récupérer le paquet et l'argent, redoutant à tout moment le retour de l'homme.
Putain!!
Il n'avait peut être pas perdu de tunes, mais il avait vraiment foiré son coup, et ça le rendait furax contre lui-même et le monde entier.
Il avait en plus fallu que la fille de Price s'en mêle.
Bordel!!
Avec moult gestes d'humeur et une flopée d'insultes, il finit par remettre la main sur ce qu'il cherchait.
Furtivement, il glissa un petit paquet, de la taille d'une bague, dans sa poche intérieure. Une bourse retrouva aussi sa place accorchée à sa ceinture.
Du coin de l'oeil, il avait continué de surveiller l'entrée de la ruelle, et par là même, la progression de Lénore. Sur le moment, il ne la vit pas tomber, mais c'est en remarquant qu'il n'y avait plus personne dans osn champ de vision qu'il tourna pour de bon la tête dans sa direction et la vit.
Dans un premier temps, son réflexe fut de se méfier; Avec prudence, et en rasant les murs, il se rapprocha. ce n'est qu'une fois le corps de la demoiselle à ses pieds, qu'il s'accroupit, regard porté vers la place, et vérifia dans quel état elle se trouvait. Ne pouvant pas faire beaucoup plus que de vérifier si elle était vivante, il finit par lui secouer l'épaule.

Eh, faut pas rester là.

Entrouvre légèrement les yeux, le crâne douloureux et la vision encore floue.
Porte sa main à son front comme pour se remettre les idées en place et se redresse péniblement.
Ma tête...

Tourne alors son visage en direction de la personne à qui appartient cette voix qu'elle ne reconnait pas:
voit Nicéphore mais ne le remet pas tout de suite. Tend une main vers son visage:
Qui êtes v...
Mais lorsqu'elle effleure sa joue tout lui revient subitement: la ruelle, l'attentat. Lui envoie alors une violente gifle, qui ressemblerait plus à un coup de poing, en pleine poire. Se relève totalement en ramassant au passage sa baguette qu'elle avait perdu lors de sa chute et le met en joue. Hurle:
Ne bougez pas ou je vous tue!

Le fixe, le regard fou et haineux, les dents serrées, le bras raide.

Jusque là, Nicéphore s'était montré plutot consciliant. il fallait dire que Lenore lui avait tiré une sacrée épine du pied... Mais cette fois-ci, c'est avec une stupéfaction mêlée de colère qu'il accueillit la réaction de la jeune femme.
Il en était sur maintenant, elle était complètement dingue.

ça suffit... J'ai ma dose pour aujourd'hui, gronda-t-il alors qu'il se relevait, yeux tournés vers le bas, mais menaçant de se braquer sur Lenore une fois qu'il aurait terminé son mouvement.