Les chaises musicales [passé] PV Taline

Octobre 1995, à Poudlard. La foule s’active vers la Grande Salle et investit les lieux pour s’attabler. Pour tout ce petit monde, la journée de cours venait de se finir, et comme les autres, Arthémys profitait de ce moment pour retrouver son groupe d’amis et s’ébattre joyeusement en direction d’un bon repas.
Enfin, s’ébattre… D’autres s’en chargeaient, tels Goyle et ce faux cul de Smith, tandis qu’elle glissait quelques remarques joyeuses et piquantes sur divers événements de la journée à une camarade de maison. C’est qu’elle avait une image à travailler, entre dignité responsable et … Et quoi déjà ? ça avait quelque chose à voir avec la petite lueur de malignité qui brillait au fond de son œil, et le petit air absent qu’elle affectait parfois, pour qu’on lui fiche la paix. Bref, appelons ça un flegme plein d’amusement non coupable, pour faire compliqué.
Toujours est-il qu’elle se dirigeait vers sa place presque attitrée, la tête bien haute et la démarche légère, et le regard balayant l’assemblée à la recherche d’un spectacle qui vaille la peine. Une fois arrivée, elle se contenta de rester debout à côté du banc, n’ayant pas très envie de s’y asseoir, comme chaque soir et comme chaque midi.
Sans peine, elle mit le doigt sur ce qui ne lui convenait pas : la routine. Elle détestait ça.
Avec un soupire et une légère grimace lui fronçant le nez, elle envisagea quoi faire et trouva. Juste après, elle s’était décalée de quelques pas et avait tapoté sur l’épaule de Crabbe.

« Si tu ne gardes pas la place de Draco, il risque de ne pas être content… »

Le regard d’incompréhension que lui jeta le garçon ne lui fit pas changer de plan pour autant. Elle renchérit :

« C’est bien ce qu’il t’a demandé de faire, non ? »

Et voila, le doute s’insinuait dans l’esprit de Crabbe. Arthémys n’avait qu’à attendre, et elle aurait sa place.

****

Quelques minutes plus tard, très contente d’avoir changé de place, Arthémys savourait son plaisir quand la voix de ce cher Draco s’éleva, demandant à Crabbe ce qu’il foutait à sa place. Après quelques échanges aussi ennuyeux que stérile, et auxquels Arthémys se garda bien de prendre part, Crabbe s’en retourna à sa place, un peu piteux, et appréhendant de parler à la jeune fille rousse.
Il n’eu pas à le faire. Croyant sans doute qu’elle ne l’avait pas vu venir, il eu la surprise de la voir soudainement tendre un bras vers la table derrière.

« Plein de place partout. A toi de choisir ! C’est la fête ce soir. »

« J’vais pas aller chez les Poufsouffles… »
Ronchonna la brute en pack tout en essayant de se glisser entre Arthémys et son voisin, ce qui, il faut le dire, était mission possible uniquement pour un anorexique.
D’un index pointé sous son nez, la miss l’arrêta dans son geste, l’obligeant à se figer sur place, une jambe soulevée pour passer au dessus du banc. Après un instant de pause, elle demanda :

« Et pourquoi pas ? »
Sentant qu’elle n’aurait pas la patience de faire autre chose, elle se leva soudainement et déclara :

« J’irais bien chez les Poufsouffles, pour changer. »

Moitié par contrariété, moitié pour s’amuser, elle sortit de table et se posta à côté d’une place libre à la table voisine.

« Crabbe, tu devrais aller l’accompagner… »
Susurra quelqu’un, hilare, dans son dos, et peut-être un pue inquiet de ce que pouvait faire la demoiselle.
Se contentant de faire ce qu’elle avait envie de faire, Arthémys haussa les épaules, et, grande dame, s’assit à côté d’une fille probablement en 7ème année. Que ça se fasse ou non, elle n'en avait que faire! Crabbe n'avait qu'à être moins stupide.

« Salutation. Vous portez vous bien ? »

Le ton était à la conversation galante, et elle fit comme si de rien n’était quand Crabbe la poussa un peu pour s’installer à côté d’elle (il avait des instructions à suivre, apparemment...). D'un coup d'œil, elle vérifia que du côté d'Ombrage, ça ne bougeait pas encore. Les poufsouffles, elle en faisait son affaire, mais on ne pouvait pas en dire autant du nouvel enseignant.


(HJ: je me suis plus qu'enflammée avec la mise en contexte XD j'espère que ça t'ira pour ce premier poste ^^)

( HJ: Ca c'est sûr tu t'es enflammée^^ )

La routine ... C'est une chose aussi stupide que pratique qui fait que Taline peut passer inaperçue. C'est son credo, tout son karma et quelque part sa compagne fidèle ... mieux qu'un homme, mieux qu'une femme, mieux que beaucoup de choses. Cependant, elle peut se transformer d'un clin d'oeil, car il en faut peu pour que la routine disparaisse, que la singularité prenne place et décider de siéger dans la vie des gens ...

Taline était allongée dans l'herbe et yeux grands ouverts, elle matait le ciel avec une insistance qu'il ne pouvait lui reprocher. Tranquille, une clope à moitié consumée entre les doigts, la jeune Poufsoufle attendait le top départ pour aller manger. N'ayant jamais été une meneuse elle s'en remettait à la décision muette que pouvait prendre le groupe restreint dont elle faisait partie. La tête ailleurs, elle entendait la rumeur sourde d'une conversation sur un garçon de sixième année que deux de ses comparses détaillaient de la tête aux pieds. D'après leur dire, il devait être beau, et si elle en croyait les gloussements intempestifs qui perçaient le silence, il devait être "mignon". Le pauvre, il devait se demander ce que ces deux folles pouvaient bien lui vouloir ...

Peu après, le top départ fut donné, tout le monde ramassa ses petites affaires et quitta les lieux pratiquement sur les basques du gars "mignon" et de ces copains bagarreurs. Une fois attablées à deux pas du Dom Juan, Taline sentit peser sur elle le poids d'un regard. Bizarrement, elle releva la tête et croisa un regard glacial et reptilien ... Draco Malefoy et toute sa clique regardaient dans la direction de leur table. Les deux amies de la jeune femme arrêtèrent nette leur discussion et les yeux écarquillés se posèrent sur une Serpentard qui visiblement se faisait une joie d'être ici. Néanmoins, le jeune homme, lui aussi aux couleurs vertes et argents, qui la suivait ne semblait pas à son aise.

Si la rousse attendait une réponse, elle allait être déçue, car Taline n'avait pas l'intention de lui répondre et se comparses étaient trop éberluées pour faire quoi que se soit. La routine était brisée ... brisée dans l'oeuf par une petite joueuse qui allait faire son chou gras de cette soirée pendant au moins une semaine. Taline en prendrait sans doute pour son grade, mais elle n'en avait cure. Cette sorte de confrontation n'était pas de son fait. La fuite s'insinuait en elle, tel un serpent de glace, mais si elle y résistait 5 à 10 minutes, elle avait toutes les chances de pouvoir quitter la Grande Salle à une heure normale.

Pas de réponse...
Voila qui n'était pas spécialement surprenant, et Arthémys, à défaut de s'y être préparée, n'attendait rien de qui que ce soit., rassemblant les couverts pour s'attabler convenablement. D'un coup de coude, elle intima à Crabbe de se tenir comme il fallait et d'arrêter de se retourner pour répondre aux provocations de ses camarades de maison.
D'un ton sans réplique:

- "Cesse donc ces tortillements! On dirait un pachyderme tentant de s'admirer l'arrière train. C'est ridicule."

Une moue ennuyée venant compléter le tableau, elle tapota un plat du bout de son couteau. La situation, à son humble avis, n'avait rien de confortable, et elle pouvait à tout moment dériver de façon fort déplaisante. Toutefois, elle était bien décidée à en profiter avant que ça n'arrive et à faire l'expérience d'un repas hors des chemins battus.
Pensivement, elle considéra l'assemblée présente et tout ce qui lui était donné de voir. A dire vrai, il n'y avait pas grand chose de différent, si ce n'était les personnes et leur façon de la considérer avec défiance.

- "Eh bien!" S'exclama-t-elle joyeusement, pour rompre la glace. "Il n'y a pas grand chose de différent par ici."

- "Mise à part qu'il n'y a que des pouffsoufles...?" Lui demanda sa voisine d'en face, non sans se permettre un petit sourire en coin.

- "Remarque pertinente, je dois dire! Et qui m'amène en partie. Voyez-vous, l'ambition, la ruse, et ce genre de chose, ça va un temps... Mais je me demandais ce que pouvais donner une conversation dépourvue de référence à la consanguinité, à notre future position de haut dignitaire au ministère et au meilleur moyen de gagner les faveurs de ce cher Draco Malfoy..."

Comme souvent, elle s'était exprimée avec une forte touche de dérision non dépourvue de légèreté. Sciemment, elle avait joué sur les a priori couramment associés aux serpentards et conservé des intonations digne de son père lors de ses interventions diplomatiques. Elle n'y mettait aucune intention de se montrer supérieur, mais il était tout à fait possible de se méprendre étant donnée la réputation de sa maison.

- "Habituellement, on s'échange des recettes de cuisine et on discute scrabble, mais en ton honneur, on doit pouvoir parler quidditch."

Encore une fois, la demoiselle faisait preuve d'une ironie mordante qui fit sourire Arthémys. Joyeusement, la miss s'engouffra dans la joute verbale. Sentant que son voisin s'impatientait, elle finit toutefois par s'occuper un peu de son cas:

- "Profites-en donc pour faire connaissance! Regarde, je t'ai trouvé une demoiselle aussi bavarde que toi." Sans méchanceté, mais sans compassion non plus, elle désigna Taline à Crabbe. Pendant que ce dernier se sentait obligé de brasser de l'air quelques instants histoire de faire la conversation, Thémys reprit où elle en était.
Pendant ce temps, dans son dos, un drame se préparait.

De dignité, il valait mieux ne plus en chercher dans l'entourage d'Arthémys. La grande dame s'était fait la malle en même temps que le banc s'était renversé, précipitant la demoiselle cul par dessus tête.
Pas un instant durant le temps de l'action, elle n'avait esquissé le moindre geste de réaction. Tout au plus avait-elle froncé les sourcils. Non pas qu'elle soit une reine de stoicisme, mais elle était totalement dépourvue de ce genre de réflexe.
De surprise, Arthémys en resta tout d'abord scotchée; ce sentiment se le disputant avec la colère à l'égard de ses camarades de maison. Etait-il vraiment nécessaire de se lancer dans ce jeu stupide?! Elle en avait même récolté de la nourriture sur sa robe...
Toujours fesses par terre, et les jambes reposant par dessus le banc, elle décolla du bout d'un ongle une patate venue s'incruster non loin de son épaule. Sa mine dégoutée se barda rapidement d'un sourire un peu tordu, puis, considérant le bazar alentour, elle commença franchement de rire.

- "Mesdames et messieurs, la légendaire fourberie des serpentards..."

Puis, hilare, elle secoua la tête, se disant que vraiment leur discression en ce jour était digne des gryffondors. Les pieds dans le plat, comme on dit.
C'est alors qu'un "silence!" intempestif vint détourner son attention. Toujours souriante, Artéhmys leva les yeux vers Ombrage.
Alors, son côté butée et recalcitrante à toute autorité lui chatouilla les narines en même tant que son sourire se figeait en une attitude méprisante.
Prenant tout son temps alors que l'inquisitrice réclamait des explication, elle se releva histoire de dominer de toute sa taille le petit crapaud.
A ses côtés, crabbe s'empétrait, à tel point qu'ombrage le prit pour cible un instant.
Arthémys, persuadée que de toute façon Ombrage n'oserait jamais sans prendre à elle, se contenta de lui tourner la dos et de se diriger vers sa place habituelle. Le petit détour par rapport au chemin de ses habitudes était terminé. Il lui fallait maintenant retourner bien gentiment à sa monotonie quotidienne.

- "Mademoiselle!! La rapela-t-on à l'ordre. Et vous, vous et vous. Dans mon bureau, ce soir, 17H30!"

Ombrage avait parlé, encore...